Mycélium

Si l'on devait écrire quelque chose comme un « Traité des Passions » pour notre temps, les champignons devraient y occuper une place de choix. Et pour cause, le vivant champignonnesque travaille le monde où nous sommes. À tel point qu'aujourd'hui, n'importe qui devrait pouvoir écrire, en paraphrasant le mot de Matisse sur les fleurs : « il y a des champignons partout, pour qui veut bien les voir ».

Mais justement, les champignons ne sont pas les fleurs. Contrairement à celles-ci, on leur prête une existence moins éclatante et moins désirable : une existence terreuse et gluante, sombre et sale, microbienne et moisie, charriant non des odeurs suaves et claires, mais lourdes et âpres, où ce serait la mort elle-même – pourriture, corruptibilité, morbidité – qui se donnerait à sentir.